Un mois après son investiture pour un second mandat de 5 ans, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été face à la presse nationale et internationale. Cadre choisi: briefing, cet espace de redevabilité initié et créé par le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katembwe, pour permettre aux autorités publiques de rendre compte de leur gestion au peuple congolais. L’homme du nouveau narratif y a amené le Chef de l’Etat. C’est un Tshisekedi regaillardi, en colère contre l’Union européenne et Paul Kagame, mais aussi déterminé à en finir avec la guerre d’agression qui s’est exprimé dans un ton ferme.
Il a balayé les questions des journalistes partant de l’agression rwandaise en passant par la formation du nouveau gouvernement et l’autorisation du gouvernement Sama pourtant démissionnaire à assurer les affaires courantes pour déboucher sur la mission de l’informateur qu’il a désigné pour dégager la majorité parlementaire, l’arrestation du journaliste Stanis Bujakera Tshamala croupissant dans les geôles et son programme de gouvernance pour le second quinquennat. Retour sur les propos du chef de l’Etat congolais.
Devant la presse, le jeudi 22 février 2024, à Kinshasa, à la cité du peuple qui abrite la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qui participait pour la toute première fois au briefing a affronté les journalistes. Dans une ambiance détendue, Il a répondu aux questions des journalistes sollicitant la compréhension de Patrick Muyaya pour ceux qui allaient se sentir lésés s’ils n’avaient pas posé de questions.
Concernant la guerre d’agression qui traumatise et préoccupe les Congolais il y a environ 3 décennies, Tshisekedi reste droit dans ses bottes. “Je ne discute pas avec le M23. Les discussions, je les veux avec le Rwanda, parce que c’est lui mon agresseur. Je ne dois rien à Paul Kagame, il me doit rien. Je dois juste savoir pourquoi il massacre ma population. Je ne veux pas de discussions avec cette coquille vide qu’on appelle M23. Ce sont des pantins du Rwanda. Je peux vous certifier que le M23 n’est pas Congolais. Ce sont des Rwandais. Et on prend quelques Congolais inconscients, on les met devant”, a déclaré le Chef de l’Etat, soulignant que “S’ils ont des revendications à faire, c’est par les élections, non par les armes”.
Félix Tshisekedi, d’un ton ferme, a dénoncé le protocole d’entente signé le 20 février dernier entre l’Union européenne et le Rwanda. « L’UE a signé un accord avec un pays receleur. Un pays qui pille nos matières premières. Je me demande comment ça va se passer. Ce sont des matières premières de la RDC qui sont volées. Quand vous achetez des produits du recel , vous êtes assimilés au voleur. On va en parler davantage et approfondir la question. L’UE ne peut pas jouer à ce jeu là. C’est comme-ci elle nous fait une guerre par procuration», a-t-il martelé.
A la question lui rappelant ses propos de faire la guerre au Rwanda à la moindre escarmouche, le fils de Sphinx s’explique. “Le contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui ne nous permet de mettre en pratique ce que j’avais dit. Pas parce que je peux pas ou ne veux pas, mais parce qu’il y a suffisamment d’initiatives qui font qu’observer la paix est une attitude plus sage que de se mettre en posture de guerre”, a-t-il dit poursuivant que “les gens ont retenu escarmouche, peut-être que c’est un mot sorcier”.
Selon ses propres dires, “La guerre, on ne le déclare que lorsqu’on a réuni les deux chambres et après en avoir reçu mandat”. Sama expédie les affaires courantes Autre chose, le président congolais dit n’avoir pas violé la constitution en autorisant le gouvernement démissionnaire de Sama Lukonde d’expédier les affaires courantes jusqu’à la formation du nouveau gouvernement. “Je n’ai pas l’impression d’avoir violé la constitution. Je suis guidé par un seul idéal : le salut du peuple, c’est la loi suprême. En tant que Chef de l’État, je suis le mieux placé pour observer et comprendre où est le salut du peuple. En ce moment, le pays fait face à une situation particulière. Vous voulez qu’on mette le pays dans une fragilité par rapport à la situation sécuritaire, budgétaire, diplomatique? J’ai demandé conseil aux juristes. Ils m’ont dit que lorsque le Premier ministre dépose sa démission, il expédie les affaires courantes. Mais il est hors de question de toucher deux émoluments”, s’est-il justifié, annonçant que “Ceux qui restent au gouvernement seront remplacés par leurs suppléants”.
Quant à la nomination du Premier ministre, Fatshi a appelé à la patience en attendant que l’informateur qu’il a nommé puisse lui faire le rapport. “Ne soyez pas pressés”. J’ai nommé un informateur. Par respect, j’attendrai qu’il me fasse le compte-rendu de sa mission et immédiatement après, je vais designer un formateur”, a-t-il souligné notant pour ceux qui ambitionnent d’être nommés Premier ministre que “Les ambitions, c’est inhérent à la vie politique. Ça me fait pas peur. C’est légitime de les avoir”.
Affaire Stanys Bujakera
Les chevaliers de la presse inquiets pour le sort réservé à leur confère incarcéré, Stanis Bujakera, ont questionné le magistrat suprême. “Croyez-moi, notre justice est malade”. Je crois que le journaliste est victime d’un peu de ça. J’ai vraiment décidé d’y mettre mon nez”. Je n’aime pas faire ça, mais je vous le dis solennellement, j’ai décidé, dès demain, de fouiner”, a-t-il réagi, promettant “de prendre la décision qu’il faudra”.
Enfin, amoureux du sport, le président Tshisekedi a affiché ses ambitions. “J’ambitionne de favoriser la candidature de la RDC pour l’organisation de la CAN 2029. C’est une ambition personnelle, j’ai parlé peut-être trop vite, mais je l’espère en tout cas”, a annoncé le chef de l’État.
Laurette Mandala