CENTENAIRE DE PATRICE Emery LUMUMBA, François Lumumba : ” une ouverture d’esprit, cette grandeur politique de Patrice Lumumba manquent cruellement à notre époque, marquée par des clivages stériles, des querelles intestines et une vision à court terme.”

En cette année mémorable où nous aurions célébré le centenaire de la naissance de Patrice Emery Lumumba, il nous arrive, en tant que famille et en tant que nation, de nous laisser porter par une douce rêverie. Nous l’imaginons parmi nous, toujours habité par ce regard perçant et cette parole habitée d’une ferveur inaltérable. Il tiendrait une bougie symbolique, prêt à souffler ses cent ans, entouré de ses enfants, petits-enfants et compagnons de lutte, Joseph Okito et Maurice Mpolo. Dans cette scène hors du temps, nous percevons ce que l’histoire, avec brutalité et prématurité, a volé au Congo : une continuité humaine, politique et affective que seule la mémoire peut aujourd’hui restaurer.

Dans ce tableau réinventé, la flamme qui brûlait en lui ne serait pas un simple souvenir du passé, mais une lumière toujours vive, éclairant le chemin des générations présentes et futures. Car au-delà du père et de l’homme, Patrice Emery Lumumba était une conscience éveillée, celle d’un patriote intrépide, épris de justice, et d’un panafricaniste visionnaire. Il portait une vision de l’indépendance qui allait bien au-delà de la rupture avec le colonialisme : une véritable reconquête de la dignité, de la souveraineté et de l’unité du peuple congolais et, au-delà, des peuples africains.

Aujourd’hui encore, son engagement résonne puissamment face aux défis que rencontre la République Démocratique du Congo : insécurité, fragmentation politique, exploitation inique des ressources et paupérisation croissante. À travers cette projection symbolique, nous ne convoquons pas simplement la figure d’un héros, mais celle d’un guide moral, dont la voix, bien que silencieuse, continue de nous interroger. Que penserait-il de notre nation telle qu’elle est devenue ? Aurions-nous été dignes du sacrifice consenti ? Ces interrogations, douloureuses mais nécessaires, nous obligent à un examen de conscience national.

Dans ce miroir tendu à la République, il nous appartient de reconnaître les promesses trahies, les espérances abandonnées en chemin, et les valeurs sacrifiées sur l’autel des intérêts égoïstes. Mais Lumumba, tel que nous l’imaginons, ne se contenterait pas d’un constat accablant. Il nous rappellerait que l’histoire ne se subit pas, elle se construit. Que l’avenir ne s’attend pas, il se prépare. Et que le Congo, pour peu qu’il retrouve l’élan de justice, de solidarité et de responsabilité collective qui animait ses premiers pas vers l’indépendance, peut se relever et jouer un rôle moteur dans l’édification d’une Afrique souveraine, prospère et solidaire.

Il faut se souvenir qu’après avoir remporté la majorité parlementaire, Patrice Emery Lumumba fit un choix hautement politique et symbolique : celui du dialogue. Il tendit la main à tous les courants politiques, convaincu que seule l’unité pouvait garantir une indépendance durable. Il accepta que Joseph Kasa-Vubu, issu d’une autre obédience idéologique, devienne le premier président de la République. Il nomma Paul Bolya, l’un de ses adversaires les plus virulents, au sein de son gouvernement. Ces gestes, loin d’être tactiques, traduisaient une volonté sincère d’inclusion, une compréhension profonde du sens de l’État, et une foi inébranlable dans les vertus du consensus démocratique.

Cette ouverture d’esprit, cette grandeur politique, manquent cruellement à notre époque, marquée par des clivages stériles, des querelles intestines et une vision à court terme. À l’heure des grands bouleversements mondiaux, qu’ils soient géopolitiques, économiques ou environnementaux, notre pays a besoin de retrouver l’âme de Lumumba : une âme de bâtisseur, de rassembleur, et de militant du progrès humain.

À la lumière de l’histoire récente, nul doute que Patrice Emery Lumumba aurait été profondément meurtri par l’état de son pays. Lui qui rêvait d’un Congo uni, libre et digne, aurait vu avec tristesse les fractures sociales, les conflits ethniques instrumentalisés, les alliances politiques contre-nature, et le pillage systématique des richesses nationales. Mais fidèle à sa foi en l’homme, il n’aurait jamais abdiqué. Il aurait, une fois encore, appelé à l’éveil des consciences, à la refondation de la nation sur les principes d’éthique, de vérité et de justice.

Communication du Mouvement National congolais/L par son Président National François TOLENGA LUMUMBA

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